Débat autour de la réintroduction du Grand Tétras : les associations dénoncent un manque de crédibilité du Parc des Ballons des Vosges

Publié le Jeudi 13 Mars 2025

Dans une nouvelle prise de parole, plusieurs associations environnementales, dont SOS Massif des Vosges, Vosges Nature Environnement, Oiseaux Nature, Avenir et Patrimoine 88 et Paysage Nature et Patrimoine de la Montagne Vosgienne, expriment leur scepticisme face aux récentes déclarations du Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges (PNRBV) sur la situation du Grand Tétras dans le massif vosgien :

Des affirmations sans preuves

Il affirme que « 3 à 5 oiseaux autochtones pourraient encore être présents dans les Hautes Vosges », faisant écho aux déclarations de son Président le 19 février dernier. Celui-ci avait déjà évoqué, sans apporter la moindre preuve, une rencontre entre 3 Tétras norvégiens et 4 Tétras autochtones. Où et comment ? Mystère… Cette rencontre semble relever davantage du conte que de la réalité scientifique.

Une vision simpliste des causes de disparition

Le Directeur déclare également que « les grands tétras ont été tués par des prédateurs, pas par le réchauffement climatique ». Une affirmation réductrice qui témoigne d’une compréhension incomplète des écosystèmes.

D’abord, il serait plus exact de parler de changements climatiques, et non seulement de réchauffement, tant les bouleversements en cours sont multiples. Ensuite, l’impact du climat ne se limite pas à un facteur isolé : il modifie en cascade les relations entre espèces, notamment entre prédateurs et proies. C’est ce que l’on appelle en écologie une cascade trophique. Nous invitons donc M. le Directeur à se renseigner sur ces dynamiques complexes avant d’avancer de telles conclusions.

Par ailleurs, si la prédation est identifiée comme la cause principale de l’échec de la réintroduction, alors pourquoi envisager de bientôt capturer et relâcher 4 à 5 fois plus d’oiseaux sur le même site, sans prendre la moindre mesure pour limiter cette prédation ? Le dossier du PNRBV affirmait pourtant que les causes de disparition du tétras avaient été résolues… Un mensonge manifeste.

Le prétexte de la prédation pour masquer les échecs

La disparition d’une espèce est rarement due à un seul facteur. Perte d’habitat, changements climatiques, pollution, maladies, concurrence avec d’autres espèces : tous ces éléments s’entrelacent. Se focaliser sur la prédation, comme le fait la direction du Parc, c’est ouvrir la porte à des mesures de « régulation » des prédateurs, qui risquent d’aggraver encore plus le déséquilibre écologique.

Rappelons qu’en France, des centaines de milliers de prédateurs sont éliminés chaque année sous prétexte de « régulation » (ESOD). Une pratique coûteuse, inefficace, et contraire aux principes d’une gestion durable des écosystèmes. Si cela fonctionnait, cela se saurait !

Une tentative maladroite de rétropédalage

Face à l’échec manifeste de cette opération, la direction du Parc tente une ultime pirouette lexicale en rebaptisant cette réintroduction ratée « un programme expérimental et exploratoire ». Une façon sans doute de masquer la réalité, et une manière qui révèle sans le vouloir l’incompétence des responsables et leur incapacité à tirer des leçons de ce qui se passe réellement.

Une absence de réelle politique de préservation malheureusement contagieuse.

Malheureusement cette catastrophe annoncée pousse ses effets bien au-delà du petit cercle de la direction du Parc et affecte la crédibilité de l’ensemble des actions qui pourraient être menées pour protéger et restaurer la biodiversité dans le massif. Sans oublier les importants moyens financiers mobilisés en pure perte, qui manqueront à ces travaux plus que nécessaire, de protection et de restauration des milieux naturels.

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