Lettre ouverte du Collectif Eau 88 à la présidente de la Commission locale de l'Eau
Madame la présidente,
Nous sollicitons de votre haute bienveillance une réunion extraordinaire de la Commission Locale de l’Eau dans les meilleurs délais, la prochaine échéance étant fixée bien trop tardivement, en juin 2024.
En effet, depuis mai 2023 et la communication de Nestlé Waters sur l’arrêt partiel de la production HEPAR « pour des raisons climatiques », l’évolution de la situation semble assez chaotique.
Selon la cellule investigation de Radio France et du Monde :
- des traitements illicites constituant une tromperie sont révélés fin janvier 2024
- la ministre chargée de l’industrie aurait le dossier en main depuis 2021
- une enquête IGAS et une de la DGCCRF auraient été diligentées
- début 2023 une réunion réunissant les ministres de l’industrie, de la santé et de l’économie se serait tenue chez la première ministre débouchant sur une tentative de « légalisation » des pratiques de Nestlé Waters au regard de techniques de filtrage et de désinfection. Cette légalisation semble avoir pris la forme d’arrêtés préfectoraux dans les Vosges et dans le Gard
- une enquête préliminaire aurait été diligentée par le parquet d’Epinal début 2023
Toujours dans cette continuité nous apprenons le 4 avril 2024, toujours par la cellule investigation de Radio France et du Monde, que l’Anses, suite à des travaux réalisés par des laboratoires de Nancy et Montpellier à la demande des ARS des deux régions, aurait publié un rapport confirme « la contamination généralisée des plusieurs sources d’eau minérale françaises du groupe Nestlé ». Dans cette note remise au ministère de la Santé à la mi-octobre 2023, des experts évoquent un «niveau de confiance insuffisant» pour assurer «la qualité sanitaire» des eaux du groupe (Perrier, Contrex, Vittel, Hépar…). «Une surveillance élargie est nécessaire», précise ainsi le document confidentiel commandé par les agences régionales de santé du Grand-Est et d’Occitanie, deux régions où est implantée la multinationale. L’expertise note «un niveau de confiance insuffisant concernant l’évaluation de la qualité des ressources notamment en ce qui concerne la variabilité des contaminations et leur vulnérabilité microbiologique et chimique». Et de lister les causes de la contamination : «La survenue a priori transitoire, de contaminations microbiologiques d’origine fécale» dans les usines des Vosges et du Gard, des concentrations «parfois élevées» de bactéries type Escherichia coli sur de nombreux forages ou encore des «traces résiduelles» de pesticides ou de Pfas, ces polluants dits éternels massivement utilisés par l’industrie.
Des non-conformités qui attestent, selon la note transmise au ministère, d’un "niveau de confiance insuffisant" pour "garantir la qualité sanitaire des produits finis", c’est-à-dire les eaux minérales naturelles commercialisées par le groupe Nestlé.
Ainsi, Mme la Présidente il nous semble que le temps de la vérité et de la transparence est venu. Pour les consommateurs, pour les salariés du groupe Nestlé et pour la justice.
Il serait fondamental, et c’est de votre pouvoir, de permettre l’information la plus large, par les responsables des différentes administrations qui concourent au contrôle de la qualité de l’eau, par les dirigeants de Nestlé et en présence des médias qui auraient demander leur présence à titre d’observateur.
Nous vous remercions de donner une suite favorable rapidement et vous prions…
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