Le père Paul Thiriet s’est éteint à 100 ans, après une vie au service des autres
Le père Paul Thiriet est décédé le jeudi 6 mars 2025, à l’âge de 100 ans. Il aurait fêté son 101e anniversaire, le 3 avril prochain. Ses funérailles auront lieu le mardi 11 mars à 14h30 en la basilique Saint-Maurice d’Épinal.
Le diocèse de Saint-Dié est à nouveau en deuil d’un de ses prêtres, d’une de ses belles figures de prêtre. « Intelligence, droiture, honnêteté intellectuelle, spiritualité ! » Ainsi le décrivent des amis proches. Et Paul avait de nombreux amis !
Paul avait ses racines à Rambervillers ; il y était né le 3 avril 1924, fils unique d’une famille dont le père était plâtrier. C’est dans la rue, avec les enfants de son âge, qu’il commença sa vie sociale… et la pratique du ballon rond !
Au sortir de l’école publique, il entre au petit séminaire de Saulcy puis rejoint le grand séminaire en 1936. Sa vocation est marquée par l’exemple des vicaires de Rambervillers, en particulier de l’abbé Mathis qui dirigeait le patronage et fut fusillé par les Allemands en 1944 pour son engagement dans la Résistance. L’expérience de la guerre, de ses destructions et des épreuves subies par la population orienteront la dimension sociale de son apostolat.
Ordonné prêtre le 4 juillet 1948, il est envoyé par son évêque poursuivre des études à Paris. Là il suit les cours de la Sorbonne (philosophie), de l’Institut Catholique (sciences sociales) et de l’Institut d’Etudes Politiques. Le 15 novembre 1952, Mgr BRAULT crée un secrétariat d’action sociale et en confie la charge à Paul THIRIET de retour dans les Vosges. L’évêque y ajoute l’accompagnement duSecours Catholique fondé par l’abbé RODHAIN. Paul aura la charge de développer à l’échelle du diocèse ce mouvement caritatif qui, dans les Vosges, a pris naissance en 1947, à Saint-Dié, sous l’impulsion du père POIRSON.
Soixante années d'action sociale
Soixante années d’action sociale, c’est évidemment l’action la plus visible de Paul THIRIET. Un travail de longue haleine, persévérant ; pour créer des équipes locales, faire vivre au niveau départemental le Centre d’Etudes et d’Action Sociales ‘CEAS » et la revue « Relations ». Etre attentif à l’évolution démographique, économique, sociale du département. Réaliser des études, sensibiliser les décideurs, l’opinion publique, l’Eglise diocésaine aux réalités nouvelles. Susciter des initiatives… Successivement les questions d’emploi, d’illettrisme, de formation aux métiers du tourisme, d’animation rurale, de vieillissement de la population… seront prises en compte. Sous l’impulsion de Paul le CEAS s’étoffera jusqu’à devenir un centre de formation avec des salariés. Dans les années 1990, il assure ainsi une formation d’aides à domicile, le temps que le relai soit pris par les institutions civiles… L’action du CEAS prend fin avec le dernier numéro de Relations en décembre 2012. L’objectif que lui avait fixé en 1952 l’évêque avait été atteint : « Il coordonne des efforts et des bonnes volontés souvent dispersées et dépassées par l’ampleur des problèmes. Il est en liaison avec tous les milieux et peut, le cas échéant, provoquer des rencontres entre les hommes d’action, facilitant ainsi la compréhension mutuelle et parfois la convergence des efforts… »
Parallèlement, Paul s’investit dans le développement du Secours Catholique. Avec l’aide d’André DURAND, d’Annie CANAL, de Gilbert LAMY, il tisse sur l’ensemble de département un réseau d’équipes de bénévoles attentives aux misères locales puis aux catastrophes naturelles à l’échelon national puis mondial. Les initiatives sont nombreuses, depuis la création d’une colonie de vacances pour les personnes âgées à Vichibure jusqu’aux ateliers de réinsertion, d’adaptation à l’emploi pour les jeunes en difficulté sociale. Une épopée que Paul avec l’aide de Claude MARCHAL, a raconté dans « Histoire du Secours Catholique dans le département des Vosges 1947-2016 70 ans de charité à géométrie variable ».
Le troisième axe du ministère de Paul est le service de l’évangélisation perçue globalement. Il a voulu mettre sa formation sociologique au service de la pastorale diocésaine. En lien avec le chanoine BOULARD qui impulsait au plan national la « pastorale d’ensemble », Paul a dirigé au tout début des années 60, l’enquête sur la pratique religieuse dans les Vosges, 1ère étape pour lui d’une pastorale d’ensemble dont il regretta l’absence de suivi… En tout cas, ce fut un beau travail d’équipe. Il valut à Paul d’être nommé chanoine honoraire ! Les résultats de l’enquête publiés en 1962 sous le titre « Vosges, pays chrétien ? » restent un jalon pour l’histoire religieuse de notre diocèse.
Paul voit ses compétences reconnues au plan national. En 1986, il est appelé à Paris comme secrétaire de la Commission sociale de l’Episcopat. Il exerce cette fonction à mi-temps. Il participe à l’élaboration de textes épiscopaux comme « Les rendez-vous de la solidarité » en 1987.
Lorsqu’en 1991, à la suite du synode diocésain, Mgr GUILLAUME met en route le conseil de la solidarité, Paul en sera un membre actif.
A partir des années 90, Paul s’insère davantage dans la pastorale paroissiale. En 1995, ses confrères d’Epinal le choisissent comme doyen. En 1996, il est nommé administrateur de la paroisse de Thaon-Oncourt. En 2005-2006, pendant le deuxième séjour au Brésil d’André ROMARY, Paul est nommé administrateur de la paroisse Saint-Antoine-en-Vologne. Au long des années 2006 – 2020, il continuera à rendre des services appréciés à ces paroisses.
Retraite toujours active malgré les soucis de santé et des séjours parfois longs à l’hôpital. Les premières opérations de la hanche ne l’empêchent pas de continuer à skier… au terme de la troisième, cela devint plus compliqué ! Les séjours à l’hôpital permettent aussi à Paul de nouer de nouvelles relations, par exemple avec un agriculteur de Regney, producteur de mirabelles et de quetsches…
En décembre 2021, il décide de quitter l’appartement du 16, rue de la Préfecture qu’il occupe depuis près de 70 ans ; il entre à la maison Saint-Jean à Portieux. Il y rejoint les abbés Michel HOUOT et Gérard THOMAS. Bientôt lui, le plus âgé, reste seul à pouvoir présider la messe quotidienne. La messe du 3 avril 2024, jour de son anniversaire, montre aux quelques amis et confrères présents, que le verbe ‘présider’ gardait tout son sens pour notre vaillant centenaire !
Jusqu’au bout, Paul est resté attentif à l’évolution de la société, à la situation des marginalisés. Jusqu’au bout, il a gardé sa foi en la mission de l’Eglise. « L’Eglise de demain sera rassembleuse de gens qui voudront suivre le Christ ».
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